Le centre de rééducation de Kerpape (Ploemeur) est l’un des seuls en France à avoir un atelier d’appareillage intégré. Dix techniciens y fabriquent des prothèses et aident les patients à gagner en autonomie.
Assise dans son fauteuil roulant, Nelly Haudebourg sourit : « Attendez, je vais vous montrer ce que je peux faire ». La Finistérienne de 72 ans souffle un grand coup, puis se lève. Elle prend appui sur la prothèse qui remplace sa jambe gauche et se met à marcher dans la salle de consultation : « Ça, c’est ma plus grande fierté ». Nelly est arrivée au centre de rééducation fonctionnelle de Kerpape (Ploemeur) en mai 2022 après une amputation fémorale. « Une opération de routine a viré au cauchemar », résume-t-elle. « Ça a été très violent. Je pensais que je ne marcherai plus jamais ».
Six mois plus tard pourtant, elle peut à nouveau se déplacer, conduire, ou voyager en camping-car comme elle aimait le faire. Derrière ce bonheur retrouvé, il y a le travail acharné du service d’orthoprothèse de Kerpape : dans le secret de leur atelier, dix techniciens œuvrent pour aider les patients à retrouver leur autonomie.
« C’est jouissif de rendre son autonomie à quelqu’un »
À quelques mètres de là, Gaël Colle, le technicien qui a réalisé la prothèse de Nelly, peaufine l’embouchure d’une jambe en carbone. « Dans les mois qui suivent l’amputation, le volume du moignon varie énormément », souffle-t-il. « On change parfois de prothèses cinq fois en quelques semaines, c’est tout un processus ! »
Du moulage à l’essayage, l’orthoprothésiste de 38 ans accompagne ses patients pendant toute la rééducation. « La première fois que quelqu’un remarche, c’est un moment très fort », s’enthousiasme-t-il. « C’est jouissif de rendre son autonomie à quelqu’un, et de lire la joie dans ces yeux ».
Parfois pourtant, il y lit de la déception. Car la technologie ne suffit pas toujours à calmer la douleur : « Certains patients n’arrivent pas à faire leur deuil de leur vie d’avant, et donc à accepter la prothèse », poursuit-il. « Dans ces cas-là, je leur dis souvent : avant, vous alliez du point A au point B sans réfléchir. Aujourd’hui, il y a des étapes supplémentaires à franchir. Mais au final, vous irez du point A au point B – et c’est tout ce qui compte ».